« Tournez le dos aux régimes en réconciliant votre tête et votre coeur »
J’aimerais que vous preniez un moment pour réfléchir à la première fois où quelqu’un a fait un commentaire par rapport à votre alimentation ou votre poids. Pour ma part, je me souviens, dans ma jeunesse, ma grand-maman me flattait le ventre en me disant : «regarde cette grosse belle bédaine! ». À ce moment là, je ne pensais pas qu’une « grosse belle bedaine » était quelque chose qui pouvait être perçu négativement. Cependant, au fil du temps, j’ai entendu ma mère, mes amis, les parents de mes amis, etc. faire des commentaires sur la nourriture, sur leur poids ou sur le poids des autres. C’est à l’âge de 11 ans où ma première préoccupation concernant mon alimentation est apparue.
La culture du régime est tellement inculquée en nous que ça devient difficile de prendre du recul et de se questionner sur l’incohérence relié au fait que plusieurs personnes passent leur vie à mesurer le poids de leur corps, à calculer les calories, à calculer les macronutriments, à répondre à leurs enfants, leur famille ou leurs amis « ah, non merci, je surveille mon poids » et que la société répond en disant « wow, tu es si doué(e), motivé(e), déterminé(e)…».
Pourquoi les régimes sont-ils aussi attirants?
On ne va pas se cacher que nous sommes « accros » aux promesses faites par les régimes alimentaires. Nous ne sommes pas nécessairement obsédés par la forme de nos fesses ou nos cuisses, mais nous sommes plutôt obsédés par la poursuite du rêve de bonheur et de liberté que la perte de poids nous apportera. Pensez aux nombreuses fois où quelqu’un vous a dit : « ah non, j’aimerais perdre x nombre de livre avant de faire x ».
Les régimes alimentaires nous permettent aussi d’avoir un sentiment d’appartenance. On fait partie d’un groupe et tous les gens faisant partie de ce groupe nous encouragent et sont d’accord à ce que nous avions, enfin, trouvé la solution à notre problème de gourmandise et de faim. Il est important de garder en tête que la faim est un signe biologique, inné et normal. Je continue à être outrée que les régimes nous fassent miroiter le rêve d’un super aliment qui coupera la faim. Je suis désolée de vous apprendre que c’est impossible! La vraie seule solution est de manger à votre faim, aussi simplement que ça puisse sembler.
Le vrai coût des régimes
L’industrie des régimes alimentaires génère des milliards de dollars. Nous avons tous dépensé de l’argent inutilement sur des produits amaigrissants, des livres de régimes, des nutritionnistes, promettant « une façon simple et efficace pour perdre du poids », etc. Par contre, suivre des régimes a un coût beaucoup plus important que le prix monétaire. Je vous invite à réfléchir aux conséquences suivantes :
- Considérez que vous auriez pu vivre une expérience différente à certains moments si vous n’aviez pas été préoccupé par votre nourriture ou votre corps :
- Pour ma part, j’ai le souvenir que durant mon parcours universitaire, je m’abstenais de participer au « Wing Night » les mercredis soirs parce que je voulais me réveiller tôt le lendemain matin pour aller m’entraîner. Je me disais aussi que je ne pouvais pas manger des repas étiquetés malsains durant la semaine, mais je me gavais de ces aliments la fin de semaine venue parce que je me sentais toujours restreinte.
- Considérez le temps que vous avez passer (en heures, en jours, en mois, en années) à compter, surveiller, rechercher différentes méthodes….pour perdre du poids.
- Considérez si dans l’éventualité où vous aviez atteint le poids désiré, étiez-vous réellement libéré et heureux (euse) ? Aviez-vous la crainte qu’en lâchant prise, votre corps reprendrait le poids perdu?
Perdre du poids avec un régime c’est comme gagner à la loto sans pouvoir dépenser l’argent obtenu. En réalité, ce n’est pas l’argent qui est recherché, mais plutôt l’impression de liberté à l’idée de ce que pourrait nous apporter tout cet argent !
« Tournez le dos aux régimes en réconciliant votre tête et votre coeur »
Cette phrase est très lourde de sens, car la poursuite de la perte de poids sert aussi comme bouclier contre les émotions et la douleur de la vie. Restreindre les calories ou les aliments, peu importe si c’est une privation « légère » ou une privation intense et maladive, mène à des symptômes physiologiques qui font en sorte que la sensibilité émotionnelle est affaiblie. En effet, le cerveau ne réagira pas de la même façon à des situations joyeuses ou tristes et resteras plus neutre en tout temps. Cette situation peut agir comme mécanisme de défense contre les émotions plus difficiles. Par contre, nous ne pouvons pas réellement vivre les émotions joyeuses sans nous exposer à la possibilité de douleur.
Tournez le dos aux régimes est un énorme travail que je ne veux pas du tout minimiser. Ce n’est pas une simple décision de dire « ok, j’arrête de poursuivre des régimes et je me met à “aimer” mon corps comme il est ». Tournez le dos aux régimes veut plutôt dire :
- S’ouvrir à l’incertitude de la vie et comment notre corps vieillira.
- Apprendre à faire confiance aux signaux que notre corps nous envoie pour nous guider dans nos choix alimentaires.
- S’ouvrir à la possibilité de ressentir toutes les émotions tant positives que négatives.
- Être neutre par rapport à notre poids et à notre corps ; oui, j’ai bien dit neutre. Vous n’avez pas besoin d’aimer votre corps. Pour ma part, je n’aime pas ma grandeur, mais je vis sainement avec celle-ci en me disant que ça fait partie de moi.
Pour vous aider à déterminer si votre relation à la nourriture est présentement alignée avec la manière que vous aimeriez vivre votre vie, je vous invite à répondre aux questions suivantes:
- Si vous étiez entrain de fêter votre anniversaire de 85 ans, que voudriez-vous que les gens disent ? Avez-vous l’impression qu’ils diraient ce que vous aimeriez présentement ?
- Si nous ne pouvions pas voir les corps des autres, comment feriez-vous vos choix alimentaires ?
- Votre alimentation ou votre activité physique interfère-t-elle présentement avec d’autres aspects que vous valorisez dans votre vie ?
- Si votre vie était un cercle, quel pourcentage du cercle pensez-vous que votre alimentation ou votre corps occuperait en ce moment ? Quel pourcentage aimeriez-vous que ça prenne ?
Je vous avoue que même si ce texte est long, j’ai l’impression qu’il ne fait pas justice à la lourdeur des régimes et de l’impact que ceux-ci ont sur la vie des gens qui les font. J’espère que nous pouvons tous prendre un moment aujourd’hui pour réfléchir à quoi notre vie ressemblerait sans diète. Je vous remercie de partager vos réactions, vos opinions ou votre histoire dans les commentaires.
– Annyck Besso, P. Dt.