TW : L’article suivant présente des informations sur les troubles alimentaires qui peuvent être dérangeantes pour certaines personnes, car il vise à décrire certaines complications médicales qui peuvent avoir lieu en conséquences de l’anorexie mentale. N’hésitez pas à nous contacter si vous avez des questions.
Qu’est-ce qu’un trouble alimentaire ? Comment et pourquoi surviennent-ils ? Est-il possible de guérir ? Si vous lisez cet article, il est possible que vous ou une personne de votre entourage souffriez de complications liées à un trouble de l’alimentation (TA) et que vous vous posiez certaines des mêmes questions.
Cet article est le premier d’une série de quatre articles explorant certaines complications médicales des troubles alimentaires et la façon dont le rétablissement peut les inverser ou empêcher qu’elles ne s’aggravent.
Bref aperçu des troubles alimentaires
Les troubles alimentaires sont des troubles mentaux qui ont un impact sur le bien-être physique, mental et émotionnel d’une personne. Ils se présentent par des pensées et des émotions difficiles et envahissantes liées à la nourriture, qui entraînent des perturbations graves et permanentes du comportement alimentaire (1). Ils peuvent toucher des personnes de tous âges, sexes, formes, tailles, orientations sexuelles et milieux sociaux, religieux, ethniques et économiques (1) – tout cela pour dire que n’importe qui peut être atteint et les gens ne choisissent pas d’avoir un trouble alimentaire. Les troubles de l’alimentation peuvent apparaître à n’importe quel moment de la vie, bien qu’ils se développent généralement pendant l’adolescence et le début de l’âge adulte.
Il existe différents types de troubles alimentaires qui ont tous leurs propres définitions et critères de classification, décrits dans la cinquième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5) (1). Les raisons pour lesquelles les personnes développent des troubles de l’alimentation ne sont pas encore totalement comprises ; cependant, les études suggèrent que divers facteurs peuvent influencer le risque d’une personne, y compris les impacts génétiques, environnementaux, psychologiques et sociaux (2). Il peut être utile de se rappeler qu’aucune chose, personne ou événement n’est jamais à l’origine du trouble alimentaire d’une personne.

Qu’est-ce-que l’anorexie mentale?
L’anorexie mentale (AM) se caractérise par une restriction calorique sévère et une image corporelle déformée, qui emmène à un poids corporel très faible et à une peur intense de prendre du poids.
Il existe deux sous-types d’anorexie mentale (1) :
- Le type restrictif, où les comportements principaux sont le régime, le jeûne ou l’exercice physique compulsif/excessif.
- Le type hyperphagie/phagie purgative, où les comportements principaux comprennent des périodes d’ingestion de grandes quantités de nourriture en peu de temps et/ou la purge (par des vomissements, l’utilisation de diurétiques, de laxatifs et autres).
Parmi les signes et les comportements courants associés à l’anorexie, on peut citer
- Restriction alimentaire (en termes de quantité, de types d’aliments, de règles alimentaires)
- Fixation sur la nourriture et l’apport calorique, enregistrement de l’apport, pesée des aliments
- Perte de poids importante ou poids corporel très faible par rapport à l’âge, au sexe et à la taille
- Exercice physique excessif et/ou compulsif
- Perte ou irrégularité des menstruations
- Manque d’énergie, fatigue et/ou difficultés de concentration
- Intolérance au froid
- Perte de cheveux ou cheveux secs et cassants
Quelques complications médicales de l’anorexie
Lorsque nos besoins physiques ne sont pas régulièrement satisfaits, notre corps commence à s’adapter et à économiser de l’énergie, en ne donnant la priorité qu’aux fonctions les plus essentielles. Les adaptations ne sont pas toujours cohérentes d’une personne à l’autre (elles sont souvent influencées par les adaptations génétiques de notre lignée ancestrale), mais toutes les personnes atteintes d’AM ou présentant des comportements d’AM verront des complications se développer. Bien qu’il ne s’agisse en aucun cas d’une liste exhaustive de complications, comme indiqué ci-dessous, nos systèmes corporels peuvent être affectés de la tête aux pieds (3,4) :
Santé du cerveau
L’anorexie provoque divers changements dans le cerveau, qui sont tous directement liés à la sévérité de la restriction, de la perte ou de la suppression du poids. Ces changements peuvent inclure la perte de tissu cérébral (c’est-à-dire la perte de neurones et des connexions entre eux) et la perte de quantités importantes de matière grise et blanche du cerveau (ce qui signifie que le cerveau perd une partie de sa capacité à contrôler les mouvements, la mémoire, la parole et les émotions, ainsi qu’une partie de la capacité des différentes parties du cerveau et du corps à communiquer les unes avec les autres).
En raison de ces changements, le cerveau commence également à éprouver des difficultés à fonctionner normalement, notamment à réguler les niveaux d’hormones (ce qui peut entraîner la perte des menstruations), à réguler la température corporelle (c’est pourquoi de nombreuses personnes souffrant d’anorexie deviennent intolérantes au froid et, dans des situations graves, peuvent développer des poils fins et » flous » sur le visage et le corps, appelés lanugo), et à créer des changements dans l’humeur, le comportement et la cognition.
Par exemple, il est fréquent que les personnes atteintes d’anorexie développent des comportements associés à d’autres troubles mentaux tels que les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), les psychoses et les troubles liés à l’abus de substances. Les personnes souffrant d’anorexie deviennent souvent rigides et strictes en matière d’alimentation ou d’exercice physique, font des suivis rigoureuses sur leur alimentation et leur activité physique dans des applications ou journal alimentaire, recherchent la perfection en matière d’alimentation, de corps et d’aspects sociaux tels que l’école ou le travail, et bien d’autres choses encore. Jusqu’à 75 % des personnes atteintes d’anorexie souffrent également d’anxiété et de dépression, et il est fréquent qu’elles développent des comportements d’automutilation.

Santé du sang et du cœur
En cas de restriction calorique sévère, le corps perd du muscle cardiaque afin de préserver d’autres muscles. Il peut en résulter divers symptômes tels que faiblesse, vertiges, fatigue et étourdissements. Une baisse de la tension artérielle et de la fréquence cardiaque est également fréquente, en raison de facteurs tels que la déshydratation. La déshydratation due à un apport inadéquat peut également provoquer de dangereux déséquilibres électrolytiques qui peuvent être fatals.
Les signes vitaux orthostatiques doivent être vérifiés régulièrement par un médecin ou une infirmière praticienne (en mesurant la pression artérielle en position couchée et debout et en comparant les variations) afin de surveiller et d’évaluer la fonction et la stabilité cardiaques. Toute personne atteinte d’AM ou soupçonnée de l’être et dont la fréquence cardiaque est inférieure à 40 bpm doit également faire l’objet d’une surveillance médicale étroite, même s’il s’agit d’un athlète ou de personnes sportives.

Santé gastro-intestinale
L’une des façons dont le corps s’adapte à la restriction énergétique consiste à réduire le fonctionnement des processus corporels qui sont moins importants pour la survie (comme la digestion lorsque l’alimentation est limitée). De même, le métabolisme (ou la somme des réactions qui se produisent dans le corps pour se fournir en énergie) diminue de manière significative. L’organisme agit ainsi pour favoriser la survie et tenter de limiter la perte de poids en brûlant plus d’énergie que ce qui est consommé (pensez à un ours en hibernation pour l’hiver).
En raison de ces adaptations, l’intestin peut ralentir jusqu’à 50 %, et de nombreuses personnes atteintes d’AM présentent souvent des symptômes similaires au syndrome du côlon irritable, comme des gaz, des ballonnements, des crampes et des selles anormales (en particulier la constipation). Certaines personnes peuvent également développer une maladie appelée gastroparésie, dans laquelle la digestion dans l’estomac est tellement ralentie qu’une personne peut se sentir très rassasiée pendant des heures après n’avoir pris que quelques bouchées (entre autres symptômes).

Santé des os
Les os sont des structures poreuses de l’organisme qui ont besoin de divers nutriments pour rester solides. Un grand nombre de ces nutriments, comme le calcium, la vitamine D, le magnésium et d’autres encore, doivent être consommés car le corps ne peut pas les produire lui-même. Avec une restriction extrême de l’apport, le corps compte sur les os pour récupérer ces vitamines et minéraux pour leurs autres utilisations, ce qui épuise les os et augmente le risque d’ostéoporose.
Le risque d’ostéoporose est également accru chez les personnes ayant un faible taux d’œstrogènes (dont nous savons qu’il peut être causé par la restriction), car les œstrogènes jouent un rôle dans le maintien de la densité osseuse. Environ 40 % des femmes ayant de l’anorexie souffrent d’ostéoporose au cours de leur trouble alimentaire. Les femmes souffrant d’anorexie depuis plus de 5 ans présentent un taux annuel de fractures environ 7 fois supérieur à celui des femmes non anorexiques. Des études montrent également que les hommes souffrant d’anorexie ont tendance à avoir une perte osseuse plus sévère que les femmes ayant une évolution similaire de la maladie.

Conclusion
L’anorexie mentale, qu’elle soit diagnostiquée ou non, peut entraîner toute une série de complications médicales susceptibles d’avoir un impact significatif sur la qualité de vie actuelle et future d’une personne. Elle peut avoir des répercussions sur les fonctions corporelles de la tête aux pieds et entraîner divers problèmes physiques, psychologiques, émotionnels, comportementaux et médicaux. L’AM peut être mortelle, mais en même temps, certaines personnes ressentent ces symptômes et continuent à vivre « leur vie », ce qui peut rendre la maladie déroutante. Quoi qu’il en soit, le rétablissement est une partie essentielle du traitement pour toute personne souffrant d’un trouble alimentaire.
Restez à l’affût pour notre article sur les impacts de la guérison des troubles alimentaires, pour en savoir plus sur la façon dont la plupart des symptômes des troubles du comportement alimentaire disparaissent avec une alimentation adéquate. Si vous ou une personne de votre entourage êtes aux prises avec des problèmes alimentaires ou d’image corporelle, ou si vous présentez des signes de troubles alimentaires, n’hésitez pas à communiquer avec l’équipe de Sööma pour obtenir du soutien au (514) 437-4260 ou par courriel à l’adresse suivante : info@sooma.ca.
Par: Justine Chriqui, Diététiste Professionnelle
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Références
- Guarda, A. (Feb 2023). What are Eating Disorders?. American Psychiatric Association. Retrieved from https://www.psychiatry.org/patients-families/eating-disorders/what-are-eating-disorders
- Eating Disorders: About More Than Food. (2021). National Institute of Mental Health. Retrieved from https://www.nimh.nih.gov/sites/default/files/documents/health/publications/eating-disorders/eating-disorders-about-more-than-food.pdf
- Herrin, M., & Larkin, M. (2013). Nutrition counseling in the treatment of eating disorders (2nd ed.). Routledge/Taylor & Francis Group.
- Gaudiani, J.L. (2018). Sick Enough: A Guide to the Medical Complications of Eating Disorders (1st ed.). Routledge.