La TCD et comment elle peut aider à la guérison des troubles alimentaires

Qu’est-ce que la thérapie comportementale dialectique (TCD) ?

 

La thérapie comportementale dialectique, ou TCD, est l’une des modalités thérapeutiques les plus récentes utilisées dans le traitement des TCAs. Elle se fonde sur des pratiques éprouvées pour favoriser le développement de nouveaux mécanismes d’adaptation pouvant remplacer les comportements liés aux TCAs (1). L’aspect « dialectique » de la TCD vise à explorer l’équilibre entre l’acceptation et le changement. L’acceptation permet de valider ses expériences, tandis que le changement offre des alternatives aux comportements liés au trouble alimentaire (1, 2). La TCD a donné des résultats prometteurs dans le traitement des troubles alimentaires, notamment la boulimie, l’hyperphagie boulimique et l’anorexie mentale (1, 3).

L’objectif de la TCD et son utilisation 

 

L’objectif de la TCD, selon sa créatrice, Dre Marsha M. Linehan, est « d’aider les individus à modifier les schémas comportementaux, émotionnels, de pensée et interpersonnels associés aux problèmes de la vie » (2). Pour ce faire, les quatre compétences suivantes sont mises en pratique : 

  1. La pleine conscience
  2. La régulation des émotions
  3. La tolérance à la détresse
  4. L’efficacité interpersonnelle

Voyons plus en détail en quoi consistent ces compétences et comment les intégrer dans le rétablissement d’un trouble alimentaire.

La pleine conscience

 

L’essentiel de la pleine conscience est de prêter attention au moment présent. Elle implique une curiosité bienveillante, sans jugement ni autocritique.  En cultivant cette attention, on peut mieux identifier ses pensées, ses émotions et ses sensations physiques, et répondre de façon adaptée.

Dans le cadre de la pleine conscience, la TCD présente trois principaux états d’esprit :

  • L’esprit logique : régi par la raison, les faits et le contrôle, il ignore les émotions et l’empathie afin d’être pratique.
  • L’esprit émotionnel : régi par les émotions, les sentiments et les pulsions ; la pensée logique est difficile et les faits sont biaisés en fonction des sentiments de la personne.
  • L’esprit sage :un équilibre entre logique et émotion, tout en agissant en fonction de ses valeurs. L’esprit sage ajoute une composante intuitive de compréhension de l’expérience émotionnelle et d’analyse logique.

Pratiquer la pleine conscience

 

Voici quelques exemples d’exercices de pleine conscience qu’il peut être utile de pratiquer :

Respiration diaphragmatique : pour ralentir la respiration et le rythme cardiaque.

  • Avant de commencer, évalue ton niveau de stress sur une échelle de 1 à 10 (10 étant le plus élevé).
  • En position assise ou allongée, place une main sur ta poitrine et l’autre juste en dessous de ta cage thoracique. La main sur la poitrine doit bouger le moins possible, la main sur la cage thoracique bougeant avec la respiration.
  • Inspire lentement et profondément par le nez (par exemple pendant 10 secondes), en pensant ou en murmurant un mot apaisant comme « calme ».
  • Expire lentement en pinçant les lèvres (en les rendant aussi serrées que possible pour l’air sortant).
  • Répète ces respirations pendant au moins une minute et réévalue ton niveau de stress. Poursuit cet exercice aussi longtemps que nécessaire.

Questions en pleine conscience : pose-toi des questions qui t’aideront à explorer ton expérience et ta conscience autour de ton repas ou de ta collation. Voici quelques exemples : 

  • Comment sont l’odeur, le goût et la texture de ma nourriture ?
  • Quel est mon niveau de faim (question posée à différents moments du repas) ?
  • Comment me sens-je pendant que je mange ? Quelles pensées liées au TCA surgissent et comment puis-je les contrer ?

La régulation des émotions

 

Pratiquer la régulation des émotions peut nous aider à atteindre un état d’esprit sage. Elle permet de gérer ses émotions sans qu’elles dominent ses actions.. Elle peut être particulièrement utile dans les cas où l’on peut se sentir « hors de contrôle » ou que le trouble alimentaire prend les rênes après un déclencheur émotionnel (c’est-à-dire pendant les périodes de dysrégulation émotionnelle). 

 

Pratiquer la régulation des émotions

 

Voici quelques exemples d’exercices de la régulation des émotions qu’il peut être utile de mettre en pratique :

  • Comprendre ses émotions : prends le temps de nommer tes émotions et d’explorer (surtout avec un·e psychothérapeute ou un·e nutritionniste !) comment tes émotions, tes pensées et tes comportements s’influencent les uns les autres. 
  • FCFS : pour éviter de te tourner vers des comportements TCA pendant des périodes de vulnérabilité, pratiques le « self-care » lorsque tu ressens trop de : 
    • Faim
    • Colère
    • Fatigue
    • Solitude

La tolérance à la détresse

 

Pratiquer la tolérance à la détresse

 

Voici quelques exemples d’exercices de tolérance à la détresse qu’il peut être utile de mettre en pratique :

  • Techniques de distraction : prévenir ou éviter les comportements nocifs en se distrayant, par exemple en jouant, en se promenant, en regardant la télévision, en lisant un livre émouvant lorsque l’on est en colère, ou en se retirant de sa situation pendant un certain temps.
  • Les techniques TERR : lorsque la détresse commence à prendre le dessus et que ton esprit émotionnel prend vraiment le contrôle, les méthodes TERR peuvent t’aider à l’apaiser rapidement :
    • Faites baisser la température* : calme rapidement le système nerveux en plongeant ton visage dans un bol d’eau glacée, ou en tenant une poche de glace sur tes yeux et tes joues pendant 10 à 30 secondes. 
    • Brèves séances d’exercice intense* : dépense ton énergie en faisant des mouvements brusques comme des sauts, des sprints ou en frappant un oreiller pour évacuer tes grandes émotions.
    • Respiration rythmée : ralentit ta respiration pour calmer ton rythme cardiaque grâce à la respiration diaphragmatique ou à d’autres stratégies telles qu’expirer plus lentement qu’inspirer (par exemple, inspirer pendant 5 secondes et expirer pendant 7 secondes).
    • Relaxation musculaire combinée : combine ta respiration avec la contraction de tes muscles, par exemple en serrant le poing (sans provoquer de crampe) et en observant la tension se relâcher à l’expiration.

*Avant de pratiquer les techniques TERR, consulte ton médecin si tu souffres d’une maladie cardiaque ou d’un trouble médical qui pourrait être affecté par les fluctuations de la fréquence cardiaque.

L’efficacité interpersonnelle

 

Cette compétence aide à construire des relations positives, à fixer des limites et à communiquer efficacement.

 

Pratiquer l’efficacité interpersonnelle

 

Voici quelques exemples d’exercices d’efficacité interpersonnelle qu’il peut être utile de pratiquer :

  • DEARMAN: Utilise cet outil pour exprimer tes besoins et établir des limites.
  • FAST: Agis d’une manière qui maintient ton respect de toi-même dans tes interactions.

Conclusion

 

Les compétences de la TCD offrent un cadre précieux pour le rétablissement des troubles alimentaires. Avec de la pratique, il est possible de renforcer sa résilience émotionnelle et d’adopter des comportements plus sains. Pour un accompagnement personnalisé, contacte l’équipe de Sööma au (514) 437-4260 ou par courriel à info@sooma.ca. Tu peux également prendre rendez-vous avec l’une de nos professionnels en cliquant sur ce lien.

Écrit par:

Image de Justine Chriqui

Justine Chriqui

Diététiste professionnelle

Références

  1. Herrin, M., & Larkin, M. (2013). Nutrition counseling in the treatment of eating disorders (2nd ed.). Routledge/Taylor & Francis Group.
  2. Linehan, M. M. (2015). DBT® skills training manual (2nd ed.). Guilford Press.
  3. Wisniewski L, Ben-Porath DD. Dialectical Behavior Therapy and Eating Disorders: The Use of Contingency Management Procedures to Manage Dialectical Dilemmas. Am J Psychother. 2015;69(2):129-40. doi: 10.1176/appi.psychotherapy.2015.69.2.129.

Related Posts

Retour en haut