Quelques mois sont déjà passés depuis les fameuses résolutions du nouvel an. Plusieurs personnes se sont sûrement engagées à prendre soin de leur santé et pour plusieurs, cela passe par faire des régimes et surveiller leur poids. C’est compréhensible. Tout autour de nous nous envoie comme message que la minceur est préférable pour notre santé et bien-être. Mais derrière toutes ces affirmations se cache une industrie des régimes extrêmement lucrative (elle valait 72 milliards US en 2019) qui laisse dans son sillage des personnes avec un haut niveau d’insatisfaction corporelle et avec une relation perturbée avec la nourriture¹.
Dans les dernières années, un mouvement a pris de l’ampleur en réponse à cette culture des régimes. Le mouvement anti-régime est de plus en plus connu et gagne de la visibilité sur les réseaux sociaux et dans les médias. Mais qu’en est-il vraiment? Que veut dire “être anti-régime” et qu’est-ce qu’une approche anti-régime peut vous apporter lorsque vous travaillez avec une nutritionniste?
Qu’est-ce qu’une diète?
Une diète peut être définie comme une façon temporaire de s’alimenter qui favorise, exclut et limite certains aliments dans le but de perdre du poids ou de changer ses habitudes de vie. Une caractéristique clé souvent présente dans une diète est la restriction calorique (limiter ses apports) et/ou cognitive (définir des règles ou se mettre des conditions pour manger). Par exemple, s’interdire de manger du chocolat la semaine ou éviter tous les aliments contenant du sucre ajouté peuvent s’inscrire dans le principe de restriction d’une diète.
Comme la majorité des diètes sont restrictives, il est difficile de maintenir ces habitudes au long-terme. De plus, comme le corps adore l’équilibre, il a tendance à ralentir le métabolisme et modifier les signaux de faim et satiété pour contrer la perte de poids. Cela fait en sorte que la grande majorité des gens vont regagner le poids perdu dans les années qui suivent².

Qu’est-ce que la culture des régimes?
Quant à la culture des régimes, c’est une culture qui vénère la minceur et qui l’équivaut à un gage de santé. Elle fait aussi la promotion de la perte de poids comme étant une façon d’atteindre un meilleur statut social et de se faire valoriser dans la société. Enfin, elle démonise certaine façon de manger tout en admirant d’autres et entretient des stéréotypes au sujet des personnes dans un corps plus gros. Cette culture peut se faire reconnaître presque partout: des recommandations de perte de poids dans les magazines à la glorification de comportements alimentaires désordonnés (normaliser le fait de ne pas prendre le temps de manger ou compter ses calories).
Le problème avec la culture des régimes, c’est qu’elle nous vole notre temps, notre argent, notre bien-être et notre bonheur.
La relation entre la santé et le poids
Certains diront qu’il faut perdre du poids pour être en bonne santé, car avoir un poids plus élevé mène à des maladies chroniques. Le problème avec cette affirmation, c’est qu’un poids plus élevé ne cause pas des problèmes de santé. En fait, un poids élevé est associé à certaines conditions médicales. Il s’agit donc d’un facteur de risque tout comme l’âge, l’origine ethnique, l’alimentation, la condition physique ou le sexe biologique et non la cause de ces maux.

Le poids est déterminé par nos gènes en grande partie comme pour d’autres traits physiques comme la taille. La théorie du “set point” ou celle du “dual intervention point theory” expliquent que notre poids varie tout au long de notre vie dans un intervalle de poids. Lorsqu’il y a un changement d’habitudes de vie, de stress ou d’environnement, le poids augmente et diminue à l’intérieur de cet intervalle. Par contre, si le poids sort de cet intervalle, le corps va mettre en marche des mécanismes pour revenir à l’intérieur, surtout lorsque du poids a été perdu. Ces théories essayent d’expliquer les variations de poids, mais malheureusement beaucoup d’inconnus restent dans la science du poids à ce jour³.
Comme mentionné plus haut, il est difficile de modifier son poids au long-terme et toute tentative de perte de poids volontaire se solde plus souvent qu’autrement en un échec. De plus en plus de cliniciens se penchent sur cette question et viennent à la conclusion que le poids n’est pas un facteur de risque aussi modifiable que l’on pensait. Il agirait plutôt comme un facteur de risque non modifiable du même ordre que l’âge ou l’origine ethnique.
Qu’est-ce que l’approche anti-régime?
Comme il semblerait que nous n’ayons pas autant d’impact sur le chiffre apparaissant sur la balance que l’on croyait, comment peut-on avoir un impact sur notre santé? Ce que l’approche anti-régime prône est de ne pas mettre l’accent sur notre poids, mais plutôt sur nos habitudes de vie. Cette approche vise donc à accompagner les personnes voulant améliorer leur santé en regardant leur niveau de mouvement, leur relation avec l’alimentation, leur alimentation, leur stress, etc.
En modifiant nos habitudes de vie, il a été démontré que nous améliorons notre santé indépendamment du poids(4). Avec l’approche anti-diète, nous nous servons de l’alimentation intuitive au lieu de se baser sur des règles provenant des diètes pour se nourrir. En développant une meilleure compréhension de notre corps et de comment celui-ci réagit face aux aliments, nous pouvons nous départir des règles imposées par les régimes et faire confiance à notre intuition pour s’alimenter.
Les nutritionnistes anti-régimes
Les nutritionnistes qui ont une approche anti-régime ne sont pas contre la perte de poids. En fait, elles remettent en question la pertinence de la perte de poids pour améliorer sa santé.
La plupart sont ouvertes à discuter du désir de perte de poids et d’explorer avec la personne en quoi ce désir est important et ce qui se cache derrière ce désir. Après cette exploration, elles peuvent lui suggérer d’essayer l’approche anti-régime ou la rediriger vers un service qui répondra à ses besoins et ses objectifs.
Comme mentionné, la santé peut être améliorée avec un changement d’habitudes de vie indépendamment d’une perte de poids. C’est donc sur ce principe que les nutritionnistes anti-régime se reposent. Elles vont donc regarder la relation avec la nourriture que les personnes entretiennent ainsi que la fréquence, le contenu, la quantité et la qualité de leurs apports alimentaires. Elles peuvent aussi accompagner les gens à revisiter la manière dont ils gèrent leurs émotions avec la nourriture. Habituellement, elles utilisent les principes de l’alimentation intuitive(5), au nombre de 10, pour aider la personne à trouver une façon de s’alimenter qui fonctionne pour elle et qui est alignée avec ses besoins, ses conditions médicales, ses objectifs et ses valeurs. Enfin, elles peuvent utiliser d’autres modalités et approches pour supporter la personne qui consulte dans son cheminement.

Par: Fannie Dancose, diététiste professionnelle
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Références
- Simard, V., & Clerc, J. (2022, February 23). The pandemic, a blow to body acceptance. LaPresse.ca. Retrieved March 8, 2022, from https://www.lapresse.ca/societe/2022-02-23/la-pandemie-coup-dur-pour-l-acceptation-corporelle.php
- Mann, T., Tomiyama, AJ , Westling, E., Lew, AM, Samuels, B., & Chatman, J. (2007). Medicare’s search for effective obesity treatments: diets are not the answer. The American Psychologist, 62(3), 220–233. https://doi.org/10.1037/0003-066X.62.3.220
- Müller, MJ, Geisler, C., Heymsfield, SB, & Bosy-Westphal, A. (2018). Recent advances in understanding body weight homeostasis in humans. F1000Research, 7, F1000 Faculty Rev-1025. https://doi.org/10.12688/f1000research.14151.1
- Gaesser, GA, & Angadi, SS (2021). Obesity treatment: Weight loss versus increasing fitness and physical activity for reducing health risks. iScience, 24(10), 102995. https://doi.org/10.1016/j.isci.2021.102995
- 10 Principles of Intuitive Eating. (nd). Intuitive Eating. Retrieved March 22, 2022, from https://www.intuitiveeating.org/10-principles-of-intuitive-eating/