Traumavertissement : L’article suivant présente des informations sur les troubles alimentaires qui peuvent être dérangeantes pour certaines personnes. N’hésite pas à nous contacter si tu as des questions.
Bienvenue à la quatrième et dernière partie de notre série sur les complications médicales des troubles de comportement alimentaires (TCAs) et sur la façon dont le traitement vers le rétablissement peut aider. Bien que nous n’ayons pas abordé les complications de tous les types de TCAs reconnus dans le DSM-5, nous avons exploré l’anorexie mentale, la boulimie nerveuse et l’hyperphagie boulimique, car ce sont les trois types les plus connus.
Aujourd’hui, nous allons explorer les concepts relatifs au chemin de rétablissement d’un TCA et les raisons pour lesquelles la recherche d’un traitement est vitale pour la santé et le bien-être de toutes les personnes touchées.
Les Statistiques
Les TCAs sont des maladies mentales sérieuses ET traitables. Toute personne peut dévélopper un trouble alimentaire, peu importe leur sexe, âge, orientation sexuelle, race, ethnicité, taille et forme, religion, statut socio-économique… mais certains groupes sont plus touchés que d’autres.
Sexe
Les femmes, par exemple, sont environ quatre fois plus susceptibles de développer un TCA que les hommes, avec une prévalence à vie d’environ 8,4 % pour les femmes et d’environ 2,2 % pour les hommes (1). Si l’on distingue l’anorexie, la boulimie et l’hyperphagie, ces troubles touchent respectivement 1,4 % des femmes et 0,2 % des hommes, 1,9 % des femmes et 0,6 % des hommes, et 2,8 % des femmes et 1,0 % des hommes au cours de leur vie (1).

Âge
Les adolescents et jeunes adultes sont également plus susceptibles d’être touchés par les troubles alimentaires – les jeunes Canadiens adoptent de plus en plus souvent des comportements qui augmentent le risque de développer un TCA (2). Par exemple, 12 à 30 % des filles canadiennes et 9 à 25 % des garçons canadiens âgés de 10 à 14 ans déclarent suivre un régime pour maigrir (2).

Orientation sexuelle
Les jeunes s’identifiant comme lesbienne, gai, bisexuel, transgenre, queer et d’autres orientations sexuelles et identités de genre (LGBTQ+) présentent des taux de TCA trois fois plus élevés que les jeunes hétérosexuels (3). Les filles lesbiennes et bisexuelles sont 2,5 fois plus susceptibles, et les garçons gays et bisexuels sont 6 fois plus susceptibles d’avoir des TCA que les filles et les garçons hétérosexuels, respectivement (3). Les étudiants transgenres sont quatre fois plus nombreux à souffrir de TCA que les étudiants cisgenres (3).

Race et ethnicité
Les personnes autochtones, noires et de couleur (PANDC) souffrent de TCAs dans des proportions similaires à celles des personnes blanches, mais elles sont deux fois moins susceptibles d’être diagnostiquées (3). Les personnes latinx ont environ deux fois moins de chances que les personnes blanches de recevoir le traitement nécessaire pour les TCAs (3).

Taille et forme
Moins de 6 % des personnes souffrant de TCA sont médicalement « en sous-poids » (3). Les personnes dans des corps plus gros sont les plus exposées au risque de développer un TCA, et la recherche montre que plus l’indice de masse corporelle (IMC) est élevé, plus le risque est important (3). La stigmatisation du poids dans les soins de santé est évidente, puisque les personnes souffrant d’anorexie ont 14 fois plus de chances de recevoir le traitement recommandé pour le TCA que celles souffrant d’anorexie atypique (un type d’anorexie où tous les comportements sont les mêmes, mais où la personne n’est pas en « sous-poids » selon l’IMC) (3).
Ces statistiques montrent à quel point les TCAs peuvent avoir un impact sur la vie des personnes qui en sont atteintes, et pourquoi il est important d’être attentif aux signes d’alerte parmi la population.

Pourquoi le rétablissement est-il si important ?
Malgré le danger et la gravité des conséquences, jusqu’à 4 personnes sur 5 souffrant de TCA ne poursuivent pas de traitement (1). Cette situation est alarmante, compte tenu du taux de mortalité élevé des TCAs – un décès toutes les 52 minutes, l’anorexie ayant le taux de mortalité le plus élevé de toutes les maladies mentales (3).
Cela ne signifie pas que le traitement vers le rétablissement ne fonctionne pas ; c’est qu’il y a tellement de facteurs qui peuvent influencer la décision d’une personne de chercher un traitement, comme la difficulté à accéder aux services, le coût du traitement, la stigmatisation publique et/ou personnelle des TCAs, les sentiments de honte liés à la consultation, et bien d’autres (1). Il y a aussi le fait que de nombreuses personnes souffrant de TCAs peuvent continuer à mener une vie « normale », ce qui peut donner l’impression qu’elles ne sont pas assez malades pour avoir besoin d’un traitement.
Malgré ce sentiment, nous savons (surtout après avoir lu les parties 1 à 3 de cette série) que toute personne subissant les effets des TCAs ou d’une alimentation désordonnée bénéficiera d’un traitement (et le mérite !). Le chemin vers le rétablissement est complexe et nuancé et il faut s’attendre à des hauts et des bas. Par contre, la plupart des complications qui résultent des TCAs peuvent être inversées grâce à un traitement, et des conséquences permanentes peuvent être évitées. Cela est particulièrement vrai lorsque les TCAs sont détectés tôt dans leur développement et qu’un traitement est mis en place peu de temps après.
Le rôle du rétablissement dans les TCAs
En ce qui concerne l’anorexie, l’un des principaux objectifs du traitement est de ramener le poids à un niveau « sécuritaire » (c’est-à-dire d’aider la personne à reprendre du poids jusqu’à ce qu’elle atteigne un poids ou la partie du TCA est moins puissante). En se concentrant sur la restauration du poids et en y réussissant, la santé cardiaque revient à la normale, les menstruations reviennent et restent régulières (si la personne a des menstruations), la rigidité alimentaire et les pensées sur la nourriture et le corps s’améliorent, le métabolisme finit par revenir à la normale, les symptômes gastro-intestinaux disparaissent généralement complètement, les effets de la dépression, de l’anxiété et parfois d’autres troubles mentaux, comme les TOC, s’améliorent, et bien d’autres choses encore (4). Une fois le poids rétabli, le traitement se concentre davantage sur les défis liés à la relation de la personne avec la nourriture et son corps, et sur la création de la vie qu’elle souhaite, sans son TCA.
Dans le cas de la boulimie et de l’hyperphagie, l’accent est d’abord mis sur la nécessité de s’assurer que l’alimentation est adéquate, afin d’éliminer toute vulnérabilité physique aux crises d’hyperphagie. Cela peut signifier de manger régulièrement et suffisamment tout au long de la journée pour qu’une faim intense ne conduise pas à une frénésie alimentaire (et que les personnes atteintes de boulimie ressentent le besoin de compenser par la suite). Beaucoup d’efforts sont également consacrés à la compréhension des autres aspects de la frénésie alimentaire (et de la compensation dans le cas de la boulimie) et à l’élaboration de stratégies permettant de gérer des vulnérabilités émotionnelles sans comportement de TCA.
Types de traitement
Bien qu’il ne soit pas facile de se rétablir, avec l’aide d’un traitement nutritionnel, d’une intervention psychologique, d’un suivi médical, d’un soutien social de la part des proches (et, espérons-le, d’une combinaison de tous ces éléments), le rétablissement est tout à fait possible !
Il existe toute une série d’approches différentes, notamment le traitement individuel, le traitement familial (la pratique standard pour le traitement de l’anorexie et de la boulimie chez les enfants et les adolescents), la psychologie de groupe, et plus encore. Les plans de traitement visent à remédier aux complications nutritionnelles, comportementales, médicales et psychologiques afin d’arrêter/de gérer les comportements de TCA. Le traitement devrait être entièrement personnalisé en fonction de la présentation unique de chaque personne, y compris les conditions ou les traumatismes cooccurrents.
Étant donné que les TCAs ont un impact sur tous les aspects de la vie d’une personne, il est important d’explorer et de reconnaître comment les TCAs servent ou ne servent pas chaque personne. Les approches tenant compte des traumatismes peuvent être particulièrement utiles pour explorer les éléments protecteurs des TCAs et les moyens de mieux faire face à toutes sortes de déclencheurs. Les approches de réduction des risques peuvent également être utiles pour travailler au rétablissement de manière plus réaliste que les approches basées sur l’abstinence. Par exemple, certaines personnes peuvent être en mesure de s’abstenir de se faire vomir au début du traitement, alors que d’autres trouveront cela presque impossible. Une approche de réduction des risques pourrait consister à retarder la purge d’une heure ou à boire du Gatorade après pour éviter tout déséquilibre électrolytique qui pourrait nuire au cœur (5).
Conclusion
Le rétablissement d’un TCA est un parcours incroyablement personnel pour chaque personne et peut ressembler à un parcours complètement différent d’une personne à l’autre. Il peut sembler extrêmement difficile et que le risque « d’échouer » est élevé, mais comment pouvons-nous échouer alors qu’il n’y a pas une seule bonne façon de se rétablir ? Le rétablissement n’est pas linéaire et l’on ne s’attend pas à monter la montagne d’un seul coup. En travaillant sur la gestion de l’inconfort, en faisant confiance au processus et en s’appuyant sur son système de soutien (entre autres choses), le rétablissement est possible pour tous.
Chez Sööma, nous sommes conscients du défi que représente le rétablissement pour toutes les personnes impliquées, et nous nous efforçons d’accompagner nos clients à un rythme qui soit le plus « confortablement inconfortable » et le plus raisonnable pour eux. Si toi ou quelqu’un que tu connaisses souffre d’un TCA ou d’une alimentation désordonnée, n’hésite pas à contacter l’équipe de Sööma pour obtenir du soutien, au (514) 437-4260 ou par courriel à info@sooma.ca. Tu peux aussi prendre rendez-vous avec un de nos professionnels directement en cliquant sur ce lien.
Par: Justine Chriqui, Diététiste Professionnelle
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Références
- Pedram, P., Patten, S. B., Bulloch, A. G. M., Williams, J. V. A., & Dimitropoulos, G. (2021). Self-Reported Lifetime History of Eating Disorders and Mortality in the General Population: A Canadian Population Survey with Record Linkage. Nutrients, 13(10), 3333. https://doi.org/10.3390/nu13103333
- National Initiative for Eating Disorders. (n.d.) About Eating Disorders in Canada. Retrieved from https://nied.ca/about-eating-disorders-in-canada/
- National Association of Anorexia Nervosa and Associated Disorders. (n.d.) Eating Disorder Statistics. Retrieved from https://anad.org/eating-disorder-statistic/
- Herrin, M., & Larkin, M. (2013). Nutrition counseling in the treatment of eating disorders (2nd ed.). Routledge/Taylor & Francis Group.
- Huynh, E & Axelrod, K. (2022). Harm Reduction for the Holidays. Retrieved from https://nedic.ca/media/uploaded/Harm_Reduction_for_the_Holidays_Webinar_Slides.pdf